Portrait de cette femme avant-gardiste
Maria Montessori, née de parents catholiques, est l’une des premières femmes médecin d’Italie (1870-1972), psychologue et pédagogue. On lui confie un institut psychiatrique qui va lui permettre de consacrer une bonne partie de sa vie à l’observation d’enfants. De par ses observations, elle a mis en évidence deux caractéristiques psychiques de l’enfant.
- Celui-ci a une capacité d’apprendre jusqu’à ce qu’il ait 6 ans en utilisant tous ses sens pour étudier son environnement. Il se construit par lui-même au travers de ses expériences.
Il s’agit de cette forme d’intelligence particulière propre au jeune enfant entre 0 et 6 ans que l’on nomme esprit absorbant.
- Il dispose d’un potentiel humain extraordinaire et on retrouve chez lui une prédisposition à un type d’apprentissage, certaines acquisitions sont plus aisées lors de périodes dites sensibles. En repérant ses sensibilités, l’enfant a la capacité d’apprendre sans efforts et dans le plaisir.
Maria Montessori va permettre à ces enfants déficients d’accéder à l’éducation et ils vont progresser à tel point qu’ils vont adopter les comportements d’enfants dits « normaux » en manipulant le matériel qu’elle a créé en s’inspirant des écrits de deux médecins Itard et Seguin.
Elle fournit ce matériel d’éducation à des enfants « normaux » et sa démarche éducative est très concluante. La première maison des enfants est née en 1907.
Maria Montessori voit sa renommée s’éveiller et se révéler au travers de ses voyages notamment en Italie, Espagne, Grande-Bretagne, Canada, Etats-Unis, Inde et Hollande.
Aujourd’hui, la pédagogie Montessori est reconnue mondialement.
Fondement et principes de sa pédagogie
Sa proposition consiste à éduquer l’enfant dès sa naissance et le nouveau né possède en lui tout le potentiel de développement et d’action qui ne demande qu’à s’exprimer à condition que le parent ou l’éducateur aménage un environnement préparé pour l’enfant. C’est donc l’observation du développement de l’enfant par le parent ou l’éducateur qui va orienter le processus éducatif.
L’approche Montessori est une philosophie de vie, une manière d’éduquer bienveillante et non pas une méthode à appliquer. L’éducation commence à la maison et nous, parents, sommes les premiers éducateurs de nos enfants.
Education à la paix
« L’humanité ne peut espérer résoudre ses problèmes, parmi lesquels les plus urgents sont ceux de la paix et de l’unité, qu’en tournant son attention et son énergie vers la découverte de l’enfant et vers le développement des grandes potentialités de la personnalité humaine durant le cours de sa formation.
L’enfant est le citoyen oublié et pourtant, si les hommes d’état et les éducateurs parvenaient enfin à comprendre la puissance formidable pour le bien et pour le mal qui réside dans l’enfant, je crois qu’ils en feraient leur toute première priorité. Tous les problèmes de l’humanité dépendent de l’homme lui- même : si l’homme est ignoré dans sa construction, le problème ne sera jamais résolu.
Il faut cultiver l’homme depuis le début de la vie, lorsque toute la puissance de la nature est à l’œuvre.
C’est à ce moment-là que l’on peut espérer préparer une meilleure compréhension entre les nations. »
~ Docteur Maria Montessori
Existence d’une vie psychique chez l’enfant
La découverte fondamentale de Maria Montessori à la fin du XXème siècle est l’existence d’une vie psychique chez l’enfant. S’ensuit celle de la polarisation de l’attention chez les enfants autrement dit des enfants très calmes et sereins profondément concentrés dans l’activité du moment après une succession de répétitions.
Maria Montessori se demande comment satisfaire les besoins de chaque enfant à chaque instant présent que l’enfant vit. Elle a passé sa vie à observer les enfants d’un point de vue scientifique, et en a déduit que l’enfant était son propre constructeur, doté d’un guide intérieur appelé Elan vital qui le pousse à agir, qu’il faut lui faire confiance car il a tout en lui pour s’auto-éduquer à condition que l’adulte lui aménage un environnement préparé répondant à ses besoins, à son développement du moment, à sa taille et à sa force. L’éducateur n’est donc pas un adulte qui se situe au-dessus de l’enfant mais il a une position d’égal à égal avec celui-ci.
Discipline et liberté
La liberté de l’enfant est grande quant-au choix de ses activités, de ses déplacements, dans son temps de travail mais il a également besoin de limites et a des devoirs : Il doit chuchoter, se déplacer doucement, respecter le matériel commun et le travail des autres, savoir attendre que le matériel convoité soit libre, ranger son matériel quand il a terminé son travail, prendre soin de l’ambiance.
Maria Montessori a réalisé les quatre plans de développement de l’enfant de 0 à 24 ans :
De 0 à 6 ans ; De 6 à 12 ans ; De 12 à 18 ans ; De 18 ans à 24 ans.
Le plan de 0 à 6 ans se subdivise en deux à savoir 0/3 et 3/6 ans. Au sein de l’école maternelle, nous nous intéresserons à celle des 3/6 ans.
L’une des particularités d’une ambiance Montessori est la richesse du mélange des âges qui en découle où le plus grand va servir de guide au plus petit en lui expliquant le fonctionnement de la classe, en lui montrant comment s’utilise le matériel et inversement, le plus jeune l’observe et se sent en sécurité avec un plus âgé.
Environnement préparé
Sécurisant, calme, simple, esthétique et ordonné
Dans la pédagogie Montessori, on parlera d’environnement ou plus communément d’ambiance.
Il s’agit d’un espace ordonné et structuré où l’enfant s’y sent en sécurité avec des repères bien établis.
Pour faciliter la concentration de l’enfant, il sera également épuré. Manipuler est un besoin vital pour l’enfant donc l’ambiance sera conçue de telle sorte qu’elle favorisera le mouvement et l’expérimentation.
L’enfant entre 3 et 6 ans travaille pour se construire, se parfaire lui-même en se servant de l’environnement alors que l’adulte travaille pour parfaire son environnement. Il s’agit de préparer un milieu où l’action de l’adulte sera minimisée au profit de l’enfant. Petit à petit, l’enfant pourra devenir autonome, indépendant sans les interventions intempestives de l’adulte, confiant en lui et en l’adulte.
Dans cet environnement est disposé un matériel qui constitue de véritables aides au développement car il correspond au besoin de l’enfant et en est l’expression de ses périodes sensibles.
Il est scientifique, concret, précis, progressif, en un seul exemplaire et permet à l’enfant d’isoler chaque difficulté, de contrôler l’erreur et de s’auto corriger sans l’intervention d’un adulte. Il est présenté sur étagère, en libre choix. Il s’inspire de celui créé par les médecins et éducateurs Itard et Seguin. Il a été étudié pour que l’enfant ne puisse assimiler qu’une notion à la fois.
Il est esthétique (principalement en bois) et disponible en un seul exemplaire.
Le matériel de vie pratique est la 1 ère catégorie de matériel qui permet à l’enfant de prendre soin de lui et de l’ambiance de la classe. C’est au travers de ce matériel qu’il va apprendre à contrôler ses mouvements, se structurer, s’ordonner, se poser et se concentrer. Il permet également à l’enfant de tout savoir faire tout seul, ce qui est indispensable pour développer sa confiance en lui. Ce matériel est également une préparation indirecte à l’écriture et à la lecture.
Le matériel d’éducation sensorielle favorise une assimilation par les sens des concepts de base et est présenté quand l’enfant s’est préalablement entraîné en vie pratique. Il travaille plusieurs concepts tels que les couleurs, les formes, les dimensions, les sons, les poids, les températures.
Le matériel d’éducation intellectuelle est directement lié à l’apprentissage de la lecture, de l’écriture et
des mathématiques et c’est vers celui-ci que nous souhaitons emmener l’enfant d’une manière indirecte, en commençant par le matériel de vie pratique, le matériel sensoriel, d’art, de sciences, à son rythme et sans pression.
Le matériel de mathématiques est un matériel concret que l’enfant peut manipuler. On n’enseigne jamais des règles à mémoriser sans chercher à les comprendre. L’enfant trouve le raisonnement par lui-même pour qu’il comprenne tout seul comment nous arrivons au résultat. L’enfant a toujours la notion de ce qu’il fait et travaille sur les exercices relatifs à la notion d’unité, de dizaine, centaine et milliers.
La confiance en soi se développe grâce à un environnement permettant l’acquisition du langage.
« L’enfant ne se perfectionne pas en répétant les gestes de l’écriture des lignes c’est-à-dire a, o, u mais en répétant des gestes qui préparent à l’écriture » Maria Montessori
C’est à travers une manipulation individuelle du matériel que l’enfant construit sa propre intelligence en s’appropriant les concepts.
L’éducateur
Le travail de l’éducateur est de créer une ambiance propice au développement de l’enfant et de l’aider à rentrer en contact avec l’environnement préparé.
Il est un cadre de référence pour l’enfant et joue un rôle de guide, rôle minimisé au profit de l’enfant.
« Toute aide inutile est une entrave au développement » disait Maria Montessori.
Il est avant tout un observateur et est formé pour comprendre l’enfant. Il doit connaître les lois naturelles du développement (périodes sensibles) pour construire l’environnement et sa posture. Il doit avoir foi en l’éducabilité de l’enfant.
La normalisation
Cet environnement conçu pour l’enfant par l’éducateur pose les prémisses de la concentration chez l’enfant où il puisera ce qui le passionne et le rendra heureux pour faire de lui un enfant équilibré et prêt à s’ouvrir socialement. C’est ce que Maria Montessori a appelé « la normalisation ». Ce phénomène ne décrit pas les enfants normaux comme nous l’entendons dans notre société mais des enfants ayant su exercer leur volonté en répétant l’activité et donc en se perfectionnant dedans.